La faim n’a pas disparu et pourrait s’étendre si l’humanité va
bien vers les neuf milliards d’individus au milieu du siècle. Il n’est
donc pas certain que le monde puisse nourrir le monde.
Les experts
internationaux qui négocient dans le cadre de l’OMC sont convaincus que
la persistance de soutiens publics à l’agriculture dans certains pays
est le principal obstacle actuel au développement des plus pauvres.
L’idée paraît évidente mais n’est pas vraie pour autant. Pour qu’elle le
soit, il faudrait que les denrées agricoles puissent être produites et
échangées dans des conditions semblables à celles que l’on observe pour
les marchandises industrielles.
À supposer, en second lieu, que les
marchés agricoles puissent être entièrement soumis au mécanisme du
libre-échange mondial, celui-ci aurait pour effet de ruiner les
producteurs les moins rentables au profit des plus rentables. Mais
peut-on impunément ruiner la moitié des habitants de la terre ? Que
deviennent alors ces milliards de miséreux ? Certains se révoltent ;
d’autres émigrent massivement ; d’autres encore louent leur force de
travail pour des salaires infimes, provoquant la délocalisation de la
quasi-totalité des industries du monde, et la ruine des régions où elles
étaient installées.
Une agriculture moderne à dimension artisanale
pourrait-elle assurer la production des denrées alimentaires nécessaires
à neuf milliards d’humains, tout en garantissant la survie économique
d’un grand nombre d’agriculteurs dans le monde ?
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