Dictionnaire Français-Kirghiz<<<
Auteurs : Maria
Akchekeeva et Nuraly Turganbaev---Bichkek: IFEAC - Albino LTD, 2010;
444p.
Format: pdf, 6Mb :
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Fidèle à sa mission
d’intermédiaire culturel entre la France et l’Asie centrale, l’Institut
français d’études sur l’Asie centrale met à la disposition du public un
nouvel ouvrage usuel d’intérêt général : le dictionnaire
français-kirghiz. Ce travail s’ajoute à la série des dictionnaires déjà
publiés par l’IFÉAC pour l’ouzbek et le tadjik.
Le kirghiz est
assurément l’une des plus anciennes langues turkes d’Asie centrale et
l’une des plus attachantes. Dès le IXe siècle de notre ère, du temps de
la domination kirghize sur la steppe mongole, le prince Boyla Qutlug
Yaragan affirme fièrement : « Du pays des Uygurs, je suis parvenu à
chasser les khans Yaglaqar : je suis Kirghiz » (Uygur yerintä Yaglaqar
xan ata kältim : Qïrqïz oglï män).
En plus de mille ans d’existence,
la langue kirghize a bien sûr beaucoup évolué. On retiendra notamment
l’impact du mongol sur le champ lexical kirghiz. Bien après leur départ
de Mongolie pour la steppe sibérienne, les Kirghiz seront enrôlés dans
les armées gengiskhanides et iront guerroyer jusqu’en Chine. Leur langue
est l’illustration de la symbiose altaïque.
L’aire linguistique
kirghize s’inscrit dans un vaste quadrilatère approchant les mille
kilomètres de côté qui débord très largement le Kirghizstan proprement
dit puisqu’il va de Jambul (Qazaqstan) au Nord-Ouest à Karakoram (Inde)
au Sud-Est, et de Aqsu (Chine) au Nord-Est à Fayzabad (Afghanistan) au
Sud-Ouest.
La langue kirghize, après avoir été notée à date ancienne
en caractères turks runiformes, est transcrite en caractères arabes aux
XVIIIe et XIXe siècles. L’intelligentsia kirghize s’efforcera de
réformer cet alphabet au début du XXe siècle (1920-26) pour en prolonger
l’existence, mais il sera abandonné au profit du cyrillique, après un
bref intermède d’emploi de l’alphabet latin.
Sans entrer dans le
détail d’une description de la langue kirghize (qu’on trouvera dans mon
ouvrage : Parlons kirghiz, Paris : L’Harmattan, 2004, 615 pp.), je
voudrais insister sur l’originalité du traitement verbal en kirghiz.
Essentiellement modal dans son fonctionnement, le verbe kirghiz offre au
linguiste la possibilité d’étudier le fonctionnement tout à fait
original d’une catégorie syntaxique majeure.
Pour une bonne
compréhension du kirghiz, le lecteur francophone doit accepter une
déconstruction conceptuelle qui l’amène à renoncer à ses conceptions
habituelles concernant le temps et l’espace. A l’inverse, le lecteur
kirgizophone devra faire un effort pour s’assimiler les catégories
françaises de la détermination.
Ce dictionnaire est là pour aider les
uns et les autres. Il ne prétend pas égaler le dictionnaire
kirghiz-russe de Judakhin (K.K. Judakhin, Kirgizsko-russkij slovar’,
Moskva 1965), ni non plus dépasser le remarquable dictionnaire
dialectologique de Zh. Mukambaev (Dialektologičeskij slovar’ kirgizskogo
jazyka, Frunze, 1976). Son format intermédiaire : inférieur au volume
des ouvrages que je viens de citer, mais supérieur aux glossaires et
lexiques existants pour le kirghiz, le rend particulièrement maniable,
l’apprenant kirghiz du français, l’apprenant français du kirghiz,
peuvent l’avoir ainsi toujours avec eux. L’accent a été mis sur la
modernité. On a donc évité le lexique archaïque, peu usité, trop
technique, au profit du vocabulaire qui rend compte de l’état actuel de
la société.
Dans cet exercice, toujours un peu risqué, des erreurs,
lacunes, omissions sont à déplorer. Nous réclamons la bienveillance du
lecteur à ce sujet : les auteurs ont fait de leur mieux pour permettre à
des cultures différentes de communiquer entre elles, renforçant ainsi
les liens entre le Kirghizstan et la France.
Rémy DOR
Professeur
des Universités à l’Institut National des Langues et Civilisations
Orientales, Président de la Section 15 (Langues et Civilisations
Orientales) du Conseil National des Universités.
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