PORTRAIT : Lalla Fatma N’SOUMER, héroïne du Djurdjura
Lalla Fadhma n’Soumer sera capturée avec deux de ses frères et d’autres combattants, en juillet 1857. L’armée coloniale la fera enfermer dans une zaouïa de la région de Tablat. Une zaouïa évidemment conciliante avec les autorités coloniales puisqu’il fallait placer sous surveillance des résistants algériens.
Lalla Fadhma passera six années dans une tristesse totale. D’abord à cause de la défaite et de l’enfermement, ensuite à cause de l’éloignement de son environnement. Elle décèdera en septembre 1863, à l’âge de 33 ans.
Si l’Histoire n’a pas conservé à Lalla Fadhma n’Soumer le statut de combattante au sens armé du terme, elle lui garde en mémoire, une véritable âme de leader. Une résistante. Une femme dont nous sommes fiers.
Lalla Fatma N’SOUMER, héroïne du Djurdjura, est née dans un village proche de Ain El Hammam en 1830, quand a commencé l’occupation française. Son vrai nom est Fatma Sid Ahmed. Le surnom “N’Soumer” lui a été donné pour sa piété et sa force et aussi parce qu’elle a vécu dans le village de Soumer.
Le père de Fatma était le chef d’une école coranique qui était liée avec la Zawyia Rahmaniya de Sidi Mohamed Ibn Abderrahmane Abu Qabrein. Très jeune
, Fatma a mémorisé le Coran, simplement en écoutant les disciples de son père psalmodier les différentes sourates. Elle a été décrite comme très douée et possédant une mémoire stupéfiante.
A la mort de son père, Fatma a dirigé l’école coranique avec son frère Si Mohand Tayeb. Elle s’occupait principalement des enfants et des pauvres. En plus de sa piété, sa sagesse et son intelligence remarquable, elle acquit une excellente réputation à travers les régions de Kabylie. Fatma avait seulement 16 ans lors de l’occupation de la Kabylie par les soldats français.
La Kabylie fut conquise, non sans violents combats, comme les autres régions. Mais l’insurrection, menée par Fatma, reste une des plus importante grâce à cette noble et brave combattante. Les Français l’ont surnommée “la Jeanne d’Arc du Djurdjura”, une comparaison que la pieuse Fatma n’a pas acceptée. Armée d’une foi infaillible, elle s’est jetée dans les batailles sanglantes pour repousser l’ennemi.
En 1854, à Oued Sebaou, Fatma, alors âgée de 24 ans, a donné à l’armée française une leçon de détermination et de courage, bien que celle-ci soit largement supérieur en nombre et matériel) Pendant cette fameuse bataille, menée par Mohamed El Amdjed Ibn Abdelmalek (surnommé Boubaghla), qui n’avait su enlever aux troupes françaises leur avantage, Fatma, à la tête d’une armée de femmes et d’hommes, a vaincu et mené son peuple à la victoire, victoire louangée à travers toute la Kabylie. Des mosquées, zawiyas et écoles coraniques s’élevait de retentissants chants pieux en l’honneur de héroïne du Djurdjura.
Le Général Randon, qui n’accepte pas cette défaite, demande aux habitants d’Azazga de l’aider à trouver la cachette de Fatma N’Soumer “pour en finir avec sa légende et ses méfaits”. La réponse faite à son émissaire fut : “Allez près de celui qui vous envoie et dites lui que nos oreilles n’entendent pas ce langage qui nous demande de trahir”. A cette réponse, le Général Randon dit : “Puisqu’ils sont restés sourds à nos appels, je vais leur faire entendre le son des cannons”.
Fatma N’Soumer ne se rendit pas. Et même, après la prise d’Azazga par Randon et les féroces répressions de ses troupes, elle mobilise la population et livre plusieurs batailles. Elle appelle le peuple à “frapper pour l’Islam, la Patrie et la Liberté. Ce sont nos constantes et elles sont sacrées. Elles ne peuvent être l’objet de concessions ou de marchandages.” Sa forte personnalité a eu une grande influence à travers toute la Kabylie, montrant le chemin par le sacrifice et la détermination de la population durant les batailles, spécialement celles d’Icherridene et Tachkrit, où les troupes ennemies subirent de graves défaites. Lors de la dernière victoire kabyle, le 18 juillet 1854, les pertes pour l’ennemi furent lourdes : 800 morts dont 56 officiers et 371 blessés.
Finalement, Randon demande un cesser le feu, accepté par Fatma N’Soumer, une décision stratégique militaire et politique. Elle planifie d’utiliser cette période de cesser le feu pour réorganiser et renforcer ses troupes. Les champs sont labourés et semés, des fabriques d’armes émergent à travers tout le pays. Cependant ce cesser le feu, comme tous les précédents, n’est pas respecté par les Français. Après trois ans, en 1857, les Français ayant aussi réorganisé leur armée, lancent des attaques contre plusieurs grandes villes qu’ils gagnent.
Fatma N’Soumer, après avoir appelé ses guerriers à la liberté, appelle la population pour un ultime effort. Ce fut la façon d’occuper trois positions stratégiquement importantes. Entourée des femmes de la région, Lalla Fatma dirige l’attaque ? Cependant, la bataille fut perdue …
Cette même année, Fatma est arrêtée et emprisonnée dans les Issers, ensuite à Tablat. Les soldats français dépensent sa fortune, mise à la disposition de la zawiya des disciples de son frère. Sa riche bibliothèque, contenant une mine de travaux scientifiques et religieux, fut complètement détruite.
Lalla Fatma N’Soumer meurt en 1863. L’épreuve de son incarcération, la frustration de n’avoir pu mener son peuple à la victoire et les insultes que celui-ci subit, la submerge, l’affecte et sa santé se détériore. Elle avait seulement 33 ans …
Evoquer Lalla Fadhma n’Soumer remet forcément en mémoire ce tableau que nous connaissons tous, représentant une femme pointant un pistolet vers le bas de la colline, vers l’ennemi qui avance. Cette image qui illustre souvent les biographies de Lalla Fadhma n’Soumer, ne la représente pas elle en particulier. Disons qu’elle nous donne au moins la preuve que la résistance des algériens à la colonisation française, a toujours été l’affaire de tous : hommes et femmes.
Lalla fadhma n’Soumer est née en 1830 à Werja. Un petit village proche de Aïn El-Hammam, en Kabylie. De son vrai nom, Fadhma Sid-Ahmed, elle était la descendante de Sid-Ahmed Ameziane, fondateur du village de Werja. Son père, Sid-Ahmed, était Cheikh de la zaouïa locale et elle, Fadhma, aurait appris le Coran en écoutant seulement les élèves le réciter. Elle s’intéressait aux études, mais à l’époque, il était très difficile, voire impossible, pour une fille d’aller en classe avec les garçons.
La jeune Fadhma aimait la retraite et la méditation. Il faut bien dire qu’elle était particulière par rapport aux jeunes filles de son âge. C’est certainement pour cette raison qu’elle refusera de se marier à l’un de ses cousins. Et qu’elle quittera son village natal, pour aller chez son frère, qui était Cheikh de zaouïa dans le village de Soumer. D’où le nom de Fadhma n’Soumer. Elle avait très bonne réputation auprès des villageois. C’était une femme sage et de bon conseil, malgré son très jeune âge.
C’est pour cela aussi, que tout naturellement, et dès que les circonstances vont le permettre, elle deviendra l’âme de la résistance algérienne, face à la colonisation française.
Jusqu’en 1846, la Kabylie, et grâce à son inaccessibilité et à son relief accidenté, était restée indépendante. C’est à partir de 1846 que la colonisation française décide de la soumettre. La résistance va alors s’organiser pendant dix ans, autour d’hommes religieux. Autour des « chorfas » qui au nom de l’Islam prônent la guerre contre les infidèles, pour défendre la terre des ancêtres.
Lalla Fadhma n’Soumer va s’associer au combat de Mohamed Al-Amjad Ben Abdelmalek, appelé « Boubeghla ». Son rôle à elle au cours des batailles, était de stimuler les troupes en exaltant leur sentiment religieux. Elle disait : « Frappez au nom de l’Islam, de la Patrie et de la Liberté. Ce sont nos constantes et elles sont sacrées. Elles ne peuvent être l’objet de concessions ni de marchandages ».
Mais, la répression coloniale sera très dure sur les populations. Elle peut se résumer en ces quelques mots d’un des colonels de l’armée coloniale de l’époque. Le colonel Robin, qui disait : « Pour soumettre les tribus kabyles, il faut peser sur les populations, il faut brûler, démolir les villages, détruire ou enlever les récoltes et les provisions de toutes sortes, couper les figuiers, les oliviers, forcer les familles à vivre dans les bois ».
Après la mort de Boubeghla, en décembre 1854, Lalla Fadhma va continuer le combat et organiser la résistance pour encore trois années. Elle mettra à très rude épreuve les forces coloniales. Malgré cela, l’armée française récupérait très vite ses forces, contrairement aux résistants et villageois de Kabylie, éprouvés par la très dure répression.
En mai 1857, l’armée française attaque massivement le site de Larbaâ nath Irathen (elle y construira le Fort Napoléon, appelé plus tard fort National). La bataille d’Icherriden sera sanglante, l’armée française essuiera de très grosses pertes face à une résistance acharnée. Malgré tout, ce seront les troupes coloniales qui remporteront la bataille, et réussiront ainsi à maîtriser la Kabylie